Entretien sur l'histoire de la Symphofoot avec Jacques Landais et Gilbert Bretel



Il y a quelques temps, nous sommes partis à la rencontre de Jacques Landais et Gilbert Bretel, deux personnes contribuantes à la création du club de la Sympho Foot Treillières. Nous les avons interviewer pendant 35 minutes ce qui nous a permis d'en apprendre beaucoup sur l'histoire de notre club. Le dialogue est à retrouver dans cet article !

Matis : Alors, au début, comment ça a commencé le football ici à Treillières ?

Jacques Landais : Eh bien, tout a commencé de manière très simple. Y'avait un ouvrier agricole, qui travaillait à Chavagne chez monsieur Tarin. Il jouait souvent avec des jeunes, et un jour, ils ont commencé à taper dans un ballon pour s'amuser. De fil en aiguille, on a formé des petites équipes juste pour le plaisir.

Matis : Ah oui, c'était vers la Ménardais, non ?

Jacques : Exactement, il y avait la Belle Étoile, le Bourg puis la Ménardais qui s'est ajoutée à nous pour faire de petits tournois entre nous. C'était assez rudimentaire, mais ça nous faisait plaisir.

Matis : Et vous jouiez où, à ce moment-là ? Dans un champ, c'est ça ?

Jacques : Ah oui, on jouait dans un champ, derrière chez Chesnais, au terrain de la famille Rincé.

Gilbert : Oui, c'était jusqu'au Moulin !

Jacques : Oui, voilà. Mais à cette époque, y'avait aussi une équipe à Grandchamp des Fontaines qui essayait de nous attirer pour qu'on joue avec eux. Mais personnellement, j'ai pas voulu y aller. On préférait rester ici, à Treillières.

Matis : Et comment avez-vous fait pour obtenir un vrai terrain pour jouer ?

Jacques : On a été demandé à la mairie si on pouvait utiliser un terrain en friche, un ancien terrain de basket de la Symphorienne. Avant, la Symphorienne, c'était plus un club de basket et une fanfare.

Matis : La Clique, c'est ça ?

Jacques : Oui, la Clique, c'était le nom qu'on donnait à la fanfare à l'époque.

Matis : Et ça, c'était quand ?

Gilbert : C'était dans les années 60, non ?

Jacques : En fait, la Symphorienne existait déjà avant, mais sous une autre forme. C'était une association qui regroupait le basket, la musique et la fanfare. Mais quand on a voulu créer la section foot, on a repris les statuts de la Symphorienne. Le basket commençait à disparaître, et la fanfare ne jouait plus que pour les petites fêtes. La commune, au départ, était un peu sceptique. Ils nous disaient : « Cette année, vous allez faire du foot, mais l'an prochain, vous allez passer à autre chose. » Ils croyaient pas trop en nous.

Matis : Et finalement, la mairie vous a laissé faire ?

Jacques : Oui, ils nous ont laissé le champ libre à condition qu'on s'occupe de l'entretien du terrain. Alors, on a appelé des copains et on a défriché le terrain nous-mêmes.

Matis : Et ce terrain, il était où exactement ?

Jacques : Juste en face de la mairie, là où se trouvent maintenant des immeubles. À l'époque, c'était un terrain vague.

Matis : Et pour s'inscrire à la Ligue, comment ça s'est passé ?

Jacques : On a été aidé par monsieur Allis de Grandchamp des Fontaines. C'est lui qui nous a guidés pour toute la paperasse administrative. On devait s'inscrire à la Ligue pour être reconnu obligatoirement et jouer dans un championnat.

Matis : Et c'était quelle année alors ?

Jacques : Si mes souvenirs sont bons, c'était autour de 1962 ou 1963. J'avais à l'époque 16 ou 17 ans, je n'avais pas encore mon permis.

Matis : Mais alors pourquoi la date de création officielle du club est 1964 ?

Jacques : Ah oui, tu as raison, ça correspond mieux. La section football a été créée en 1964, avec Etienne Jarnet à la tête. Et avant ça, la Symphorienne avait été déclarée en 1949 à la préfecture, le 29 décembre pour être précis. C'était à l'origine une fanfare dédiée à la paroisse de Saint-Symphorien.

Matis : Oui, j'avais lu ça quelque part. La Symphorienne regroupait la fanfare, le basket et d'autres activités.

Jacques : C'est ça. Après, avec le temps, d'autres sports sont venus s'ajouter : le hand, le vélo, et même le judo plus tard.

Matis : Et c'était toujours les joueurs eux-mêmes qui s'occupaient de tout l'entretien du terrain ?

Jacques : Oui, les joueurs ont fait tout. Ils traçaient le terrain, ils tondaient l'herbe, ils s'occupaient des lignes de chaux… C'était vraiment de la débrouille.

Gilbert : Oui, et les vestiaires au début étaient sous le préau de l'école !

Jacques : Exactement, et à côté, on avait un petit cagibi pour faire un bar. C'était rudimentaire, mais on faisait avec. Francis Basile tenait le bar.

Matis : Et donc, à un moment donné, le foot est devenu tellement populaire que vous avez dû vous détacher de la Symphorienne ?

Jacques : Oui, c'est arrivé quand il y avait tellement d'inscriptions d'enfants au football que ça devenait difficile à gérer. Le club de foot a alors pris son indépendance, et les autres sports ont suivi peu de temps après.

Matis : Et donc cette séparation, c'était en 1964 aussi ?

Jacques : Oui, c'est bien ça, c'est la même année que la création officielle de la section foot. Et c'est à ce moment-là qu'on a adopté le logo que vous voyez aujourd'hui.

Jacques : D'ailleurs, à l'époque, l'équipe comptait aussi deux internationaux maliens, Jérôme Doumbia et François Ouattara. Ils venaient de Bamako. Jérôme, par exemple, a vécu deux ans chez mes parents pendant ses études en France. Il allait à l'école à Nort-sur-Erdre et allait jouer avec nous le week-end. Ils étaient vraiment de très bons joueurs.

Gilbert : Oui, je me souviens même d'aller les chercher chez eux, parfois même quand ils étaient punis de sortie ! 

Jacques : Oui, c'était les premiers internationaux à jouer pour Treillières. Ils ont apporté une vraie plus-value à l'équipe.

Matis : Et pour les déplacements, comment ça se passait ?

Jacques : Ah, à l'époque, on se débrouillait avec ce qu'on avait. Les voitures n'étaient pas aussi courantes qu'aujourd'hui. Moi, mes parents avaient une camionnette pour transporter du vin, et on l'utilisait pour aller aux matchs le week-end.

Matis : Tu t'en allait loin ?

Jacques : Oui, on jouait à Nantes, Le Gâvre, Sautron, parfois jusqu'à Ancenis, Maumusson… Et les douches, tu sais, c'était pas des cabines comme aujourd'hui. On se lavait dans des grands bassins à vaches !

Matis : Je vais revenir en arrière, mais à l'origine, c'était surtout des paysans et leurs commis qui formaient les équipes ?

Jacques : Oui, c'est ça. Ça a commencé avec les ouvriers agricoles à Chavagne. Le garçon de ferme avait un ballon, et il a commencé à rassembler des copains pour jouer. Petit à petit, ça a pris de l'ampleur, et de plus en plus de jeunes se sont joints à nous.

Matis : Et tu te souviens d'un moment qui t'a particulièrement marqué à l'époque ?

Jacques : Oui, je me souviens d'Antoine Rabbe. C'était un gars incroyable. Avant la guerre, il a refusé de saluer Hitler et s'est réfugié en France, à Treillières. Il a ensuite joué un rôle important dans la vie de la commune et à Nantes.

Gilbert : Oui, c'était un personnage ! Un véritable militant anti-nazi.

Jacques : Oui, et il était aussi un excellent joueur de foot. Il est même devenu entraîneur au FC Nantes. Il a écrit un livre sur sa vie. Mais à l'époque, il venait nous voir à Treillières et nous montrait des techniques de foot. C'est lui qui m'a donné envie de jouer.

Matis : Et pour tout ce qui était traçage du terrain et fabrication des équipements, vous faisiez ça comment ?

Jacques : Tout était fait maison ! On traçait le terrain à la chaux, les poteaux de corner étaient bricolés avec ce qu'on trouvait… Tout était fait à la main.

Gilbert : Oui, je me souviens d'avoir tracé le terrain pendant 6 ou 7 ans et m'être occupé de la pelouse.

Matis : Et c'était toujours sous forme de licence pour jouer ?

Jacques : Oui, toujours. Il fallait une licence pour être inscrit au championnat et pouvoir jouer.

Matis : Et ça coûtait cher ?

Jacques : Non, pas vraiment. On se débrouillait, on payait une cotisation, et ça nous permettait d'avoir quelques équipements et de participer aux matchs. Mais la plupart des choses, on les fabriquait nous-mêmes.
Matis : Eh bien merci les gars, j’ai fini avec mes questions. C’était très intéressant !